HARMEL Pierre
individual (person), HARMEL Pierre
Le comte Pierre Harmel est né à Uccle le 16 mars 1911 et est décédé à Bruxelles le 15 novembre 2009. C'était un homme politique belge de tendance sociale-chrétienne.
Docteur en droit, licencié en sciences sociales et en notariat de l'Université de Liège, Pierre Harmel a été, avant la guerre, président national de l'Action Catholique de la Jeunesse Belge (ACJB). Mobilisé, il a participé à la campagne des 18 jours. Il a été prisonnier de guerre. Après la guerre, il a enseigné à la faculté de droit de l'université de Liège.
En 1945, il est devenu membre et vice-président de "La Relève", un groupe de réflexion et de discussion politique au sein du PSC qui, avec un pendant flamand "'t Westen", ont joué un rôle important dans la formation du CVP-PSC.
Carrière politique
Sa carrière politique proprement dite débute en 1946, lorsqu'en février, il a été élu député de l'arrondissement de Liège. En mai 1946 déjà, il dépose une proposition de loi portant création d'un centre de recherche pour la solution nationale des problèmes sociaux, politiques et juridiques des régions wallonne et flamande, dont l'objectif était d'améliorer les relations entre Wallons et Flamands sur base d'une étude scientifique impartiale.
Ce Centre, appelé aussi Centre Harmel, a été créé par la loi du 3 mai 1948, et Pierre Harmel en a été un des deux vice-présidents. Le rapport final, publié en avril 1958, a notamment servi de base pour les négociations sur les lois linguistiques de 1962-1963 ainsi que pour la révision de la Constitution de 1970.
Guerre scolaire
Le 8 juin 1950, il est entré comme ministre de l'Instruction publique dans le gouvernement social-chrétien dirigé par Jean Duvieusart. Il gardera ce portefeuille durant les deux gouvernements homogènes sociaux-chrétiens suivants, dirigés successivement par Joseph Pholien et Jean Van Houtte. Il a durant ces deux derniers mandats déposé de nombreux projets de loi prévoyant une subsidiation plus importante de l'enseignement secondaire libre et qui ont débouché sur la loi organique du 17 décembre 1952, applicable à toutes les branches de l'enseignement secondaire. Celle-ci a été suivie de lois organiques de l'enseignement normal et de l'enseignement technique.
Les sociaux-chrétiens ayant perdu leur majorité aux élections suivantes, un gouvernement socialiste-libéral dirigé par Achille Van Acker a été mis sur pied le 22 avril 1954 avec comme ministre de l'enseignement Leo Collard, auteur d'une loi qui détricotait en grande partie celles de Pierre Harmel. Elle fut votée malgré de nombreuses manifestations dirigées contre elle et auxquelles Pierre Harmel a participé. La guerre scolaire ne s'est apaisée que sous le gouvernement Gaston Eyskens II (formé le 23 juin 1958), avec la signature du Pacte scolaire le 6 novembre 1958.
Culture
Dans le gouvernement Gaston Eyskens II, Pierre Harmel s'est retrouvé à la tête du département de la Justice mais le jour même de la signature du Pacte scolaire, ce gouvernement minoritaire était élargi aux libéraux et Pierre Harmel héritait du premier portefeuille de la Culture. C'est sous son ministère qu'a été dégagé le nouveau statut de la RTB et de la BRT (futures RTBF et VRT).
Lors du remaniement ministériel du cabinet Eyskens, en septembre 1960, il est devenu ministre de la fonction publique, un poste qu'il a conservé jusqu'en mars 1961, lorsque le gouvernement Eyskens III s'est heurté aux tensions suscitées par le programme d'assainissement connu sous le nom de "Loi unique" et auquel les partenaires de la coalition avaient souscrit en septembre 1959.
Lors de la crise ministérielle de 1961, il a été nommé informateur par le Roi avant que Théo Lefèvre ne soit désigné formateur et ne forme un gouvernement rouge-romain dont M. Harmel ne faisait pas partie. A partir de 1962, il a participé aux différents travaux de préparation de la révision de la Constitution. De 1964 à 1965, il a également assumé la présidence de l'aile wallonne du parti social-chrétien.
Gouvernement Harmel
Après les élections de mai 1965 et 65 jours de crise, après aussi une tentative de constituer une tripartite, il a formé en juillet 1965 une coalition rouge-romaine qui a bien vite connu des difficultés. Le gouvernement ne disposant pas d'une majorité des deux-tiers au Parlement, il ne pouvait appliquer une révision de la Constitution.
L'éphémère gouvernement Harmel n'est cependant pas tombé sur des questions linguistiques, ni sur des problèmes budgétaires, ni encore sur les conséquences des manifestations déclenchées à la suite de la décision de fermer cinq charbonnages en Wallonie et un au Limbourg et dont l'une, le 31 janvier 1966, a fait deux morts et de nombreux blessés. En février 1966, le Roi a accepté la démission du gouvernement Harmel, divisé sur une question d'assurance maladie, l'instauration d'un ticket modérateur pour chaque admission en hôpital mais auquel s'opposaient les mutualités socialistes.
Affaires étrangères
Mais Pierre Harmel s'est surtout fait une renommée comme ministre des affaires étrangères, un portefeuille qu'il a obtenu sous le gouvernement Vanden Boeynants-De Clercq mis sur pied en mars 1966 et qu'il a continué à détenir sous les gouvernements suivants, jusqu'à la formation en janvier 1973 de la tripartite dirigée par Edmond Leburton.
Il s'est imposé dans les milieux internationaux comme un des ténors de la détente entre l'est et l'ouest. Il s'est aussi acquis une réputation comme le père de la "doctrine Harmel" (fermeté dans le dialogue) et s'est encore distingué à l'OTAN, où il fit accepter un plan de relance atlantique.
M. Harmel a également joué un rôle actif au niveau de l'intégration européenne et a d'ailleurs, en 1980, obtenu la médaille d'or "Robert Schuman" de la fondation "Freiherr von Stein" pour sa "contribution exceptionnelle à la cause de l'unité de l'Europe".
Sous le gouvernement emmené par Gaston Eyskens de juin 1968 à novembre 1971, il a effectué un voyage d'étude au Moyen-Orient en 1971 afin de tenter de relancer la mission "Jarring" visant à trouver un règlement du conflit israélo-arabe.
Président du Sénat
Pierre Harmel n'a pas retrouvé de portefeuille ministériel lors de la tripartite constituée le 25 janvier 1973 par Edmond Leburton mais cela n'a cependant pas mis fin à ses activités politiques. Le 9 octobre de la même année, il a été élu président du Sénat, une tâche qu'il a assumée jusqu'en 1977. Il ne s'est pas représenté comme candidat aux élections législatives du 17 avril 1977.
Entre-temps cependant, il avait été élu en 1976 conseiller communal à Uccle et lors des élections communales suivantes, il était élu conseiller communal à Woluwe-Saint-Pierre où il s'était alors établi. Il a démissionné en 1984.
M. Harmel a été nommé ministre d'Etat le 22 février 1973 et le Roi lui a accordé en mars 1991 le titre de comte, pour lui-même et pour sa descendance, "pour les services éminents qu'il a rendus au pays". Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages et articles consacrés aux domaines les plus divers auxquels il s'est consacré ou s'est intéressé. Un de ses fils, Dominique, a également embrassé la carrière politique et a été ministre de la Région bruxelloise. (belga/ca)
Rédaction de www.7sur7.be, le 19 novembre 2009.
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