STRUYE Paul
individual (person), STRUYE Paul
Paul Struye est né à Gand le 1er septembre 1896. Il est le fils du docteur Eugène Struye et de Jenny Linon. Lorsque la guerre éclate le 4 août 1914, il n'a pas dix-huit ans et va entrer en deuxième candidature en Philosophie et Lettres, après avoir terminé brillamment ses humanités gréco-latines au collège Sainte-Barbe, puis sa première candidature en Philosophie et Lettres à l'Université de Gand.
Durant la première guerre mondiale, il prend la plume pour expliquer dans une série de carnets ses ressentiments par rapport aux épisodes qui ont marqué la guerre. Il veut s’engager comme volontaire mais son père refuse car il n’est pas de bonne constitution physique. Finalement, en avril 1915, avec l’accord de son père, il franchit la frontière par la Hollande et rejoint Folkestone pour entrer dans l’armée belge. Là il est déclaré inapte au service et admis au service auxiliaire. Il est envoyé dans un centre de transit à Calais où il est de nouveau déclaré inapte au front. Après un rendez-vous avec le ministre Cooreman, il est admis au service auxiliaire infirmier dans un hôpital de l’arrière. Mais sa volonté première est d’être au front. Pour cela, il envoie une lettre à la reine Elisabeth. Il est fait brancardier au fond et décrit sa vie dans les tranchées. En septembre 1917, il obtient une permission pour son examen de candidat en Philosophie et Lettres au Jury central qu’il réussit. Il est blessé lors de l’offensive de novembre 1918.
Après 1918, Paul Struye, en juriste convaincu, va promouvoir la Société des Nations en Belgique. Entré au barreau de Bruxelles, il devient vite un avocat renommé. Son intérêt pour la politique internationale l'amène à en devenir le chroniqueur hebdomadaire dans le journal catholique, La Libre Belgique.
Après l'invasion de la Belgique par l'Allemagne en 1940, Paul Struye reprend alors sa plume et un cahier d'écolier pour tenir un second «Journal de guerre». Il ne se porte plus volontaire et reste civil durant cette guerre, mais il entre dans la résistance. Il crée avec son collègue, l'avocat Robert Logelain, un journal, La Libre Belgique clandestine, qui veut perpétuer l'esprit de résistance à l'occupant et rappeler à tous que la Belgique reste en guerre. Contre le défaitisme de certains avocats et magistrats, il rédige à partir de 1942 les "Lettres du Conseiller Eudoxe", dans lesquelles, sous couvert d'un échange de correspondance d'un jeune magistrat avec un vieux et sage conseiller, il rappelle les limites que les autorités administratives et judiciaires belges ne peuvent dépasser si elles veulent rester indépendantes face à l'ennemi. Il y prend la suite de pamphlets clandestins rédigés pendant la guerre 1914-1918 par un magistrat patriote. Fin lettré, Paul Struye rédige ces textes dans un style et une langue du xviie siècle, mais avec une implacable argumentation juridique. Il rédige aussi des rapports semestriels sur «L'évolution du sentiment public en Belgique sous l'occupation allemande», diffusés clandestinement jusqu'au Palais royal de Bruxelles et au gouvernement belge exilé à Londres.
Dès la Libération, Paul Struye occupe une place active dans la vie politique belge. Il est parmi les fondateurs du parti social-chrétien, dont il devient le président bilingue pour l'arrondissement de Bruxelles. Dès les premières élections législatives de l'après-guerre, en février 1946, il est élu sénateur de Bruxelles et leader de la droite sénatoriale, alors dans l'opposition. Il poursuit sa profession d'avocat à la Cour de cassation, et sa chronique hebdomadaire de politique internationale dans La Libre Belgique.
En mars 1947, il est nommé ministre de la Justice. Durant ce mandat, Paul Struye doit diriger la politique de répression des inciviques, collaborateurs des Allemands pendant la guerre. Au cours de douloureuses interpellations au Parlement, il est en butte aux attaques de l'opposition et de nombreux résistants, qui ne comprennent pas qu'il puisse commuer des peines de mort en peines de travaux forcés. Paul est adversaire de la peine de mort et il l'explique longuement au Parlement. Incompris, il démissionne du gouvernement.
À cette époque, les Belges sont divisés sur le retour du roi Léopold III, qui est toujours exilé en Suisse. Paul Struye prend position en faveur du Roi et propose une « consultation populaire », pour connaître la volonté des Belges. Il en résultera une majorité pour le retour du Roi, mais un pays divisé avec une Flandre favorable au retour et une Wallonie hostile.
Aux élections suivantes, le 27 juin 1950, le PSC-CVP obtient la majorité absolue à la Chambre et au Sénat. Paul Struye est alors élu président de la Haute Assemblée. Il siège parallèlement, dès 1952, à l'Assemblée commune de la Communauté européenne du charbon et de l'acier. Après les élections de 1954, le PSC-CVP n'est plus au gouvernement. Paul est chef de l'opposition sociale-chrétienne, il mène le combat pour l'école libre contre les lois du ministre socialiste Collard.
En 1958, il est réélu président du Sénat et le restera jusqu'en 1973. Il est nommé ministre d'État le 23 décembre 1958. Dans les années 1960, l'Europe occidentale connaît une expansion économique sans précédent, mais divers conflits ensanglantent aussi la planète. Paul Struye, en chroniqueur de politique internationale, étudie et dissèque dans La Libre Belgique les origines et les causes de ces conflits et particulièrement le conflit israélo-palestinien.
Il donne de nouveaux locaux au Sénat, installe la présidence rue de la Loi, veille à l'exactitude du début des séances et fait des remontrances aux ministres qui n'arrivent pas à l'heure, critique les gouvernements qui ne présentent pas leurs budgets en temps utile, reçoit les ambassadeurs en poste à Bruxelles, les chefs de gouvernement et ministres en visite en Belgique, et est reçu par eux à l'étranger.
Atteint d'un cancer, il décède à Ixelles le 16 février 1974.