SERVAIS Léon

individual (person), SERVAIS Léon
Léon Servais est né le 7 novembre 1907 dans une famille ouvrière liégeoise. 
A l'âge de 14 ans, il s'engagea comme magasinier. Plus tard, il devint vendeur et suivait en même temps des cours du soir en comptabilité à l'Ecole supérieure des sciences commerciales de Liège. Ensuite, il était occupé comme aide-comptable dans une entreprise jusqu'en 1932.

Comme jeune ouvrier, Léon Servais s'était engagé dès 1924 à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), que venait de créer l'abbé Joseph Cardijn. Il devint président de la section locale de la JOC de Bressoux. Dans cette fonction, il faisait partie du Comité régional de Liège, dont il assuma la présidence de 1931 à 1934. En même temps, il siégeait aussi au comité national de cette organisation de jeunes. [...]

Comme tant d'autres "jocistes", Léon Servais s'engagea, au bout d'un certain temps, au mouvement syndicaliste chrétien. En 1932, il était recruté comme secrétaire administratif à la CSC de Liège. A partir de 1936, il était contrôleur régional auprès de ce syndicat. Pendant ce temps, il s'activa aussi dans d'autres organes ressortissant à la LNTC. C'est ainsi que depuis 1933, il était vice-président de la mutuelle Saint Éloi et Sainte Barbe à Angleur et, en 1936, il devient administrateur de la Fédération liégeoise de mutualités chrétiennes. A la même époque, il était, et ce depuis 1934, commissaire aux Assurances populaires, la compagnie d'assurances créées sous l'égide de la LNTC.

La seconde guerre mondiale marqua un point d'arrêt dans l'essor de Léon Servais au sein du mouvement ouvrier chrétien. Sous la pression de l'occupant, la LNTC-ACW arrêta ses activités. Alors qu'en Flandre, certaines activités ont malgré tout pu être poursuivies sous l'égide des "Katholieke Werkliedenbonden", qui furent créées pour servir de couverture à l'ACW, en Wallonie la LNTC s'arrêta tout net. De ce fait, les contacts entre organes affiliés se sont rompus nonobstant la création, dans plusieurs arrondissements, de la Ligue ouvrière chrétienne. 
Pendant la guerre, Léon Servais était actif dans le mouvement de résistance "Socrate" qui, à l'instigation de la Sûreté belge à Londres, avait pris en charge l'aide pécuniaire aux réfractaires au travail. Socrate, une organisation dirigée par Raymond Scheyven, finança encore d'autres mouvements de résistance, tels que l'Armée de Libération, où Léon Servais était également actif. Portant le grade d'adjudant, il était agent de renseignements de 1943 jusqu'à la fin de la guerre. 

Après la guerre, Léon Servais joue un rôle de plus en plus prépondérant au sein du mouvement ouvrier chrétien. En outre, il devient, dès février 1945, chef de cabinet adjoint de Henri Pauwels (PSC), chargé du portefeuille ministériel des Victimes de la guerre dans le gouvernement Achille Van Acker I. [...] Dès la libération, Léon Servais reprit ses activités au sein de la CSC: il devint secrétaire de la Fédération liégeoise et siégea au Bureau national. [...]

Léon Servais tint un rôle de premier plan au sein du Mouvement ouvrier chrétien (MOC) jusqu'à en devenir le président wallon le 20 octobre 1946. Cette même année encore, il  devint administrateur de l'Alliance nationale des Mutualités chrétiennes, l'une des organisations faisant partie du MOC. Depuis 1948, il faisait également partie du conseil d'administration de la Fédération nationale des Coopératives chrétiennes et de la Caisse centrale de Dépôts. 

Léon Servais demeura président du MOC jusqu'en juin 1950. Après les élections législatives du 4 juin 1950, il fut coopté comme sénateur pour le PSC, qualité qu'il allait garder jusqu'en 1971. A partir de 1951, il siégea au Comité directeur et Bureau du PSC. En 1952, il devint président d'arrondissement du parti à Liège. La même année, il fut également élu conseiller communal d'Angleur, commune où il présidait aussi la fabrique d'église. Tant au Sénat que dans le parti, Léon Servais se faisait valoir comme un spécialiste des affaires sociales, telle que la sécurité sociale et les problèmes d'emploi. C'est à ce titre qu'il fit partie en 1952 et en 1954 de la délégation belge à la conférence générale de l'Organisation internationale du travail (OIT) à Genève. [...]

Lors des élections législatives du 1er juin 1958, entièrement placées sous le signe de la guerre scolaire, le PSC obtint une victoire éclatante. Aussi, Gaston Eyskens forma un gouvernement PSC homogène minoritaire. Léon Servais devint membre de ce gouvernement en qualité de ministre de l'Emploi et de la Prévoyance sociale. Sa principale réalisation au cours de cette législature fut la majoration des pensions ouvrières, une promesse électorale du PSC. [...]

Dans le nouveau gouvernement chrétien-socialiste Théo Lefèvre - Paul-Henri Spaak (25 avril 1961-24 mai 1965), Léon Servais fut repris comme ministre de l'Emploi et du Travail. [...]. Il conserva le portefeuille de l'Emploi et du Travail dans les gouvernements Pierre Harmel - Antoon Spinoy (27 juillet 1965-11 février 1966) et Paul Vanden Boeynants - Willy De Clercq (19 mars 1966-7 février 1968). [...]

Le gouvernement Vanden Boeynants - De Clercq se vit confronté au problème du transfert des sections françaises de l'Université de Louvain vers la Wallonie. Contrairement à la position prise par les évêques belges, l'opinion flamande exigea que l'Université de Louvain devienne entièrement néerlandophone, ce qui impliquait le déménagement des sections d'expression française. Au sein des partis, notamment du CVP-PSC, il n'y eut pas d'unanimité à ce sujet. Aussi, le 7 février 1968, cette problématique du "Leuven Vlaams" entraîna la chute du gouvernement. 
Léon Servais fit partie d'une commission de conciliation créée à ce propos au sein du CVP-PSC. Les deux ailes du parti restèrent cependant sur leurs positions et, au sommet de l'Université de Louvain, les Flamands et Francophones ne parvinrent pas davantage à se mettre d'accord sur un transfert. Après que le gouvernement suivant ait mené à bonne fin ce transfert après la parution, le 19 novembre 1968, du Règlement organique de l'Université de Louvain, Léon Servais devint l'un des six laïcs appelés à faire partie du pouvoir organisateur.  

Lors des élections du 31 mars 1968, le CVP et le PSC se présentèrent avec des programmes électoraux distincts, et même contradictoires, sur le plan communautaire. Léon Servais participa aux négociations menant à la formation du gouvernement Gaston Eyskens - Joseph Merlot - André Cools (17 juin 1968-8 novembre 1971).
Le 18 juillet 1968, Léon Servais fut élu président de l'aile wallonne du CVP-PSC, succédant ainsi à Albert Parisis. Il l'emporta sur Antoine Humblet. 
A la suite des divergences d'opinion apparues au sein du CVP-PSC à propos de l'affaire de Louvain, les deux ailes du parti se distancièrent progressivement. Chaque aile du parti tint son propre congrès. Lors de ce premier congrès du PSC, le 31 mai 1969, Léon Servais fut élu président du PSC. Son adversaire à cette présidence était le jeune Charles-Ferdinand Nothomb. [...]
Début octobre 1970, Léon Servais fut remplacé à la tête du parti, pour raison de santé, par un directoire dont la présidence était assumée par Charles Hanin. En février 1971, Léon Servais reprit ses activités, mais à sa demande la formule du directoire fut maintenue. 

Lors des élections du 7 novembre 1971, Léon Servais, qui avait été jusqu'alors sénateur coopté, était pour la première fois élu directement, et ce pour l'arrondissement de Liège. Dans le gouvernement Gaston Eyskens - André Cools II (20 janvier 1972-22 novembre 1972) qui fut formé par la suite, il devint ministre de la Santé publique et de la Famille. Charles-Ferdinand Nothomb le remplaça à la présidence du parti. [...]
Après la chute du gouvernement Eyskens-Cools II, Léon Servais continua à siéger au Sénat jusqu'aux élections de 1974, époque où il avait atteint la limite d'âge. 
La même année, il fut nommé ministre d'Etat. 

A la suite d'une longue maladie, il mourut le 7 juillet 1975.

Source: extrait de "Politiek biografisch lexicon - Belgische ministers en staatssecretarissen 1960-1980" par Prof. dr. Helmut Gaus (ed.), Standaard Uitgeverij, Anvers - traduit du néerlandais par G. Bosteels
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