Le comte Jean-Charles Snoy et d'Oppuers est né le 2 juillet 1907 à Ophain-Bois-Seigneur-Isaac. Il était l'unique fils de la famille nombreuse du châtelain de Bois-Seigneur-Isaac : le baron Thierry Snoy. Ce dernier patronnait diverses associations catholiques traditionnelles parmi lesquelles la Société de Saint Vincent de Paul, tout en participant activement à la vie politique tant locale que régionale.
Après des études à Louvain en droit, philosophie thomiste et sciences politiques et sociales, et à Harvard en économie, Jean-Charles Snoy et d'Oppuers fait ses débuts dans le monde bancaire en 1931, d'abord en tant que stagiaire au Service juridique de la Société Belge de Banque puis, dès l'année suivante, au Comptoir Diamantaire Anversois où il restera jusqu'en 1934. Dès 1931, l'ancien ministre des Finances Albert Édouard Janssen fait de Jean-Charles Snoy et d'Oppuers son secrétaire et, à partir de 1934, il occupe la fonction d'attaché dans divers cabinets des Ministres des Affaires économiques. En 1936, il est nommé directeur des Traités et Négociations économiques, avant de diriger en 1938 le Bureau d'Etudes. En 1939, il accède au poste de Secrétaire général au département des Affaires économiques. Vu ses relations avec la classe dirigeante belge francophone, cette nomination déclenche quelques critiques de la part du Vlaams Economisch Verbond mais, en tant que fonctionnaire, Jean-Charles Snoy et d'Oppuers développe une attitude critique par rapport à la politique et il se fait remarquer par son excellente maîtrise des dossiers et l'intérêt qu'il porte aux développements économiques et monétaires au niveau international. Dans ce domaine économique et financier, il sera pendant plus de trente ans, un conseiller très écouté par de grands hommes politiques tels que Philippe Van Isacker, Gustaaf-Karel Sap, Jean Duvieusart ou encore Jean Rey.
Lorsque la Deuxième Guerre mondiale éclate, Jean-Charles Snoy et d'Oppuers suit d'abord le gouvernement belge en France mais, dès le mois de juillet, il retourne en Belgique afin d'y reprendre ses fonctions. Cependant, aux yeux de l'occupant, le jeune Secrétaire général est soupçonné d'entretenir des rapports avec les milieux belgicistes. Il est donc relevé de ses fonctions et est remplacé par Victor Leemans. Cet état de fait n'empêche pas Jean-Charles Snoy et d'Oppuers de rester clandestinement en contact avec de nombreux chefs d'entreprise ou autres figures importantes. En outre, il s'engage dans un groupe de travail qui vise à élaborer des options sociales et des mesures concrètes de restauration économique pour la période d'après-guerre.
En septembre 1944, au lendemain de la libération, Jean-Charles Snoy et d'Oppuers retrouve ses fonctions, ce qui lui permit de jouer un rôle important dans les développements économiques d'après-guerre, surtout au niveau international. Il se trouve aux avant-postes pour participer à l'intégration d'une Europe non-communiste et s'implique dans l'élaboration du plan Marshall. Il occupe d'importantes fonctions au sein du Benelux (président du Conseil de l'Union Economique, 1946-1959) ainsi que de l'Organisation Européenne de Coopération Economique (président du Conseil, 1948- 1950 ; président du Comité directeur du Commerce, 1952-1961). En outre, conjointement avec le Ministre des Affaires étrangères Paul-Henri Spaak, Jean-Charles Snoy et d'Oppuers participe d'emblée aux projets et aux négociations qui conduisent à une véritable intégration économique de l'Europe et qui aboutissent à la création de la Communauté Economique Européenne et de l'Euratom suite à la signature des Traités de Rome le 25 mars 1957 dont il est le cosignataire aux côtés de Paul-Henri Spaak. En 1958, il est le premier délégué permanent du gouvernement belge auprès de la CEE.
En 1959, Snoy démissionne de la fonction publique pour passer dans le secteur privé en intégrant le groupe Lambert en tant qu'administrateur de nombreuses sociétés.
Dans la logique de son engagement politique au sein du Parti Catholique au niveau régional dès le début des années trente, il se présente à l'échelon national en 1968 en tant que candidat PSC dans l'arrondissement de Bruxelles pour la liste du cartel de Paul Vanden Boeynants. En avril 1968, il fait son entrée comme député à la Chambre des représentants en tant que premier remplaçant de Léo Vanackere. Quelques mois plus tard, il devient ministre des Finances dans le gouvernement Eyskens-Merlot/Cools (17 juin 1968-21 janvier 1972). Au cours de son mandat, il met notamment en place en 1971 la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) tout en s'axant particulièrement sur la réduction de la dette publique. Au niveau européen et mondial, sa gestion est marquée par la préparation de l'union européenne économique et monétaire (plan Werner) et la recherche d'une réponse européenne concertée aux remous provoqués par la crise du dollar américain.
Sur le plan de la politique communale, Jean-Charles Snoy et d'Oppuers occupe la fonction de bourgmestre de la commune d'Ophain-Bois-Seigneur-Isaac entre 1970 et 1976. Depuis 1933, il faisait déjà partie du conseil communal mais son parti est resté dans l'opposition.
En 1972, Jean-Charles Snoy et d'Oppuers retourne au secteur privé tout en continuant à faire preuve d'un intérêt passionné pour les problèmes européens et les questions touchant aux institutions belges. N'étant pas particulièrement partisan d'une évolution dans le sens d'une plus grande fédéralisation, il suit de très près les étapes successives des réformes de l'Etat belge, notamment au sein du Centre d'Etudes des Réformes Politiques (Centre Omer Vanaudenhove), ultérieurement le Centre Robert Houben. En 1983, le Roi lui décerne le titre de Comte et cette même année, il se voit attribuer le prix Robert Schuman récompensant une carrière au service de l'intégration européenne.
Jean-Charles Snoy et d'Oppuers décède le 17 mai 1991 à Ophain-Bois-Seigneur-Isaac.
Les Mémoires de Jean-Charles Snoy et d'Oppuers sont parus en 1989 sous le titre "Rebâtir l'Europe : Entretiens avec Jean-Claude Ricquier" aux Éditions Duculot ainsi qu'à la Fondation Jean Monnet. Une biographie intitulée "Jean-Charles Snoy, Homme de la Cité, artisan de l'Europe" est parue en 2010 aux Éditions Le Cri, avec pour auteurs les professeurs Vincent Dujardin et Michel Dumoulin.
Histoire des archives :
Les archives du comte Jean-Charles Snoy et d'Oppuers étaient conservées au château familial de Bois-Seigneur-Isaac. Le 5 août 2022, les archivistes du Centre d'archives du CPCP ont pris en charge ces dernières suite à la signature d’une convention de don avec son fils, Bernard Snoy et d'Oppuers.
Antérieurement, différents versements d'archives liés au comte Jean-Charles Snoy et d'Oppuers furent opérés auprès du KADOC (en 1986, 1989 et 1991) ainsi qu'auprès des Archives Générales du Royaume et de l'Institut Universitaire Européen à Florence. Un inventaire des archives déposées au KADOC est disponible.
Bibliographie :
Bernadette DE MEYER, Jos VERHOOGEN & Ann WERCKX, Inventaire des archives du comte Jean-Charles Snoy et d’Oppuers, 1907-1991, Louvain, KADOC, 1995.
Portée et contenu :
Ce fonds se compose de documents s'étalant sur une période allant de 1918 à 2002. Les archives conservées sont liées à la vie privée, professionnelle et politique de Jean-Charles Snoy et d'Oppuers.
Pour la période d'avant-guerre les archives conservées traitent des études universitaires de Jean-Charles Snoy et d'Oppuers et en particulier de la rédaction de sa thèse. Par ailleurs, différentes interventions écrites et de la correspondance datées des années 1930 sont également conservées ainsi que des documents relatifs à la Quarante-huitième session du Comité financier de la Société des Nations à l'occasion de laquelle Jean-Charles Snoy et d'Oppuers occupait la fonction de Secrétaire du président du Comité financier de la Société des Nations, Albert-Edouard Janssen. Enfin, des documents liés à l'engagement de Jean-Charles Snoy et d'Oppuers au sein du Parti Catholique sont aussi présents dans le fonds (documents électoraux, affaires communales, Association catholique communale d'Ophain-Bois-Seigneur-Isaac...)
Parmi les archives liées à la Deuxième Guerre mondiale, on retrouve des dossiers thématiques portant sur les engagements sociaux et militants de Jean-Charles Snoy et d'Oppuers durant cette période (Secours d'hiver, Gerbe du Roi, ravitaillement, bibliothèque de l'honnête d'homme...) ainsi que des dossiers liés à des moments clés de la guerre (capitulation de la Belgique, résistance et libération). Enfin, un dossier de correspondance, comprenant notamment des courriers échangés avec Louis Delvaux, membre de la Chambre des Représentants, et Philippe Cartuyvels, Commissaire d'Arrondissement de Nivelles, est également conservé.
Les archives postérieures à la Deuxième guerre mondiale présentes dans le fonds sont notamment liées aux deux principales fonctions occupées par Jean-Charles Snoy et d'Oppuers à cette époque : secrétaire général du Ministère des Affaires économiques (1944-1959) et Ministre des Finances (1968-1972).
Parmi les documents conservés liés à période ou Jean-Charles Snoy et d'Oppuers occupait la fonction de secrétaire général du Ministère des Affaires économiques on peut pointer différentes interventions écrites et orales de l'intéressé, des notes dactylographiées rédigées par Jean-Charles Snoy et d'Oppuers à l'attention des Ministres des Affaires économiques, deux dossiers de correspondance échangée avec diverses personnalités et associations ou encore plusieurs dossiers thématiques (Recherches sur les pratiques d'organisation des partis politiques, cinquantième anniversaire de l'inauguration du chemin de fer du Bas-Congo, manifestation d'hommage suite à son départ de fonction...)
Les archives relatives à Jean-Charles Snoy et d'Oppuers en sa qualité de Ministre des Finances sont constituées d'intervention écrites et orales de l'homme politique, de deux dossiers de correspondance échangée avec diverses personnalités dans le cadre de ses fonctions ou encore de dossiers thématiques (Institution de l'union économique et monétaire européenne, réformes des finances et réunions internationales).
Différentes archives en lien avec l'engagement de Jean-Charles Snoy et d'Oppuers au sein du Parti Social Chrétien sont également intégrées dans le fonds. Celles-ci concernent tant le plan local (élections, section locale, affaires communales dans les années 1970) que national (élections, Centre d'Études Politiques, Économiques et Sociales, Guerre scolaire, Question royale, Groupe Wigny...).
Le fonds comprend aussi différentes archives en lien avec les activités de Jean-Charles Snoy et d'Oppuers durant les années 1960-1980. Celles-ci, scindées entre le plan national et le plan européen et international, comprennent des dossiers thématiques (Crise de la chaise vide, organisation des premières élections européennes directes, système monétaire européen...), plusieurs dossiers de correspondance mettant en lumière les engagements, les préoccupations et les intérêts de Jean-Charles Snoy et d'Oppuers durant cette période ainsi que de nombreuses interventions écrites et orales de l'intéressé.
Une partie du fonds concerne également les dizaines de mandats et fonctions non officiels de Jean-Charles Snoy et d'Oppuers au sein d'institutions, fondations ou associations extrêmement diverses à caractère historique, culturel, noble, scientifique, économique ou financier (Centre européen d'études bourguignonnes, Centre d'études des Réformes politiques, Fondation Belge en Terre Sainte, Fondation Francqui, Fondation Roi Baudouin, Groupe pour la restauration de la Fonction publique, Institut Royal des Relations Internationales, Théâtre Royal de la Monnaie...). Ces différents engagements témoignent du domaine d'intérêt presque illimité de Jean-Charles Snoy et d'Oppuers et de ses très nombreuses activités.
Par ailleurs, des journaux, brochures et publications compilés et classés thématiquement ou non par Jean-Charles Snoy et d'Oppuers sont également conservés.
Enfin, le fonds comprend également des biographies de Jean-Charles Snoy et d'Oppuers ainsi que des archives liées aux funérailles de ce dernier et au colloque organisé en son honneur à Rome en 2007.
Tri et éliminations :
Très peu d'éliminations ont été réalisées. Seuls quelques documents sériels ont fait l'objet d'une élimination.
Accroissements :
Le fonds inventorié est fermé.
Mode de classement :
Lors du transfert du fonds au centre d’archives et de documentation du CPCP, celui-ci n'avait pas déjà été traité en amont par un archiviste mais une première classification avait été réalisée par le fils de Jean-Charles Snoy et d'oppuers, le baron Bernard Snoy. Par ailleurs, aucun inventaire sommaire n'a été remis au moment de la réception des archives.
Une structure de classification relativement simple a été mise en place. Celle-ci se base principalement sur les différentes grandes étapes de la vie privée, professionnelle et politique de Jean-Charles Snoy et d'Oppuers :
A. Jeunesse et années d'études
B. Activités de Jean-Charles Snoy et d'Oppuers dans les années 1930
C. Activités de Jean-Charles Snoy et d'Oppuers pendant la Deuxième Guerre mondiale
D. Secrétaire général du Ministère des Affaires économiques
E. Ministre des Finances
F. Activités de Jean-Charles Snoy et d'Oppuers dans les années 1960-1980
G. Engagement au sein du Parti Catholique et du Parti Social Chrétien
H. Mandats et fonctions non officiels
I. Vie privée
J. Presse et publications
K. Varia
Conditions d'accès :
La consultation de ce fonds d'archives est soumise à l'accord préalable de Bernard Snoy et d'Oppuers
Conditions de reproduction :
Pour la reproduction des documents d’archives, les règles et tarifs en vigueur au centre d’archives du CPCP sont d’application.