Fonds sur la transition du Nouveau PSC au cdH

Fonds
Cote : BE_CPCP_PARTI_RENOUV
Fonds sur la transition du Nouveau PSC au cdH


Histoire du producteur :
Associé au pouvoir depuis 1958, le PSC connaît une longue période de stabilité sous la direction de Gérard Deprez (1981-1996). Sa ligne pragmatique est déterminée par un trio formé du président et de deux ministres, Philippe Maystadt et Melchior Wathelet. Son personnel politique ne connait pas de grand renouvellement. Sa gestion centralisée suscite quelquefois des frustrations. La priorité accordée aux participations gouvernementales tend à reléguer le débat d’idées au second plan. Les mesures de rationalisation adoptées dans l’enseignement mécontentent certains milieux éducatifs. Lorsqu’ils célèbrent le cinquantenaire de leur formation, en 1995, le PSC reconnait qu’il a besoin de ressourcement.
À peine entamé, le processus de rénovation s’enlise à la suite de luttes intestines. La tentative de Gérard Deprez d’imposer Joëlle Milquet à sa succession provoque l’entrée en lice de Charles-Ferdinand Nothomb, élu président de justesse, le 29 mars 1996. Pendant des mois, le PSC se déchire. Il ne peut mener à bien l’actualisation de sa doctrine, ni la relance de son recrutement. Une tentative de renversement des alliances avec les libéraux tourne court, amenant ceux-ci à se rapprocher des socialistes en vue des scrutins de 1999. Charles-Ferdinand Nothomb refuse finalement de participer à une recomposition du paysage politique francophone, alors que son prédécesseur s’engage résolument dans cette voie. Gérard Deprez est à l’origine d’une dissidence : le Mouvement des citoyens pour le changement. Exclu des rangs sociaux-chrétiens, il rallie la fédération libérale. Les sondages d’opinion annonçant de mauvais résultats électoraux pour le PSC, Charles-Ferdinand Nothomb n’a d’autre alternative que de mettre prématurément un terme à son mandat.
 
 
Élu à la présidence en ticket avec Joëlle Milquet, appelée à lui succéder, Philippe Maystadt rétablit une certaine unité au sein du parti, mais il n’a guère le temps d’en relancer la rénovation. Il choisit le cap qui sera maintenu au cours des années suivantes : une politique de proximité, axée sur la prise en compte des besoins des citoyens dans leur vie quotidienne.
Le gouvernement fédéral ne sort pas indemne de la crise de la dioxine. Celle-ci survient deux semaines avant des scrutins au cours desquels la formation sociale-chrétienne réalise un des plus mauvais scores de son histoire. S’interrogeant sur son identité et son positionnement, le PSC est devenu « comme les autres » : il n’est plus l’indispensable pivot des coalitions gouvernementales. Pour cinq ans, il siège dans l’opposition.
 
Le 23 octobre 1999, Joëlle Milquet accède à la présidence du PSC, à la suite de la démission de Philippe Maystadt qui doit succéder à Sir Brian Unwin à la direction de la Banque européenne d’investissement. Au sein du PSC, l’évolution des mentalités confère une influence croissante aux partisans d’un renouveau qui présenteront leur manifeste, centré sur l’humanisme démocratique.
Le 13 novembre 2000, Joëlle Milquet et ses chefs de groupe exposent au public « la méthodologie et l’échéancier du renouveau ». Un débat de fond va s’engager sur le projet politique et l’organisation du PSC : il se tiendra le 25 novembre, à l’occasion d’une université d’automne ouverte à tous les membres. Il reviendra ensuite aux instances sociales-chrétiennes d’élaborer un projet de manifeste, en prévision d’un congrès à tenir en mai 2001. À l’issue de celui-ci, une opération « Des idées en chantier » sera lancée à destination de la société civile par la tenue de forums. Le projet et le programme du parti devaient être finalisés pour la fin 2002. Entre-temps, l’organisation et les statuts seront revus lors d’un congrès programmé en novembre 2001. Pour apaiser les esprits, la direction sociale-chrétienne donne des assurances aux militants. Aucune question, en particulier celle du nom du parti, n’est tranché. Toutes les pistes sont ouvertes. C’est aux membres qu’il appartiendra d’arrêter les décisions en fin de processus.
 
Le 25 novembre 2000, plus de six cents personnes se retrouvent à Louvain-la-Neuve en université d’automne. Alors que les responsables du parti semblent redouter de nouveaux heurts, les débats sont francs, mais sereins. Le discours de Joëlle Milquet souligne que le renouveau du parti impliquera un recours à des méthodes de proximité, un renouvellement du personnel politique, une réorganisation des structures internes, ainsi qu’une opération d’ouverture à mener en direction des jeunes, des parents, des enseignants, du non-marchand et des personnes d’origine étrangère.
 
L’élaboration du manifeste de l’humanisme démocratique est progressive. Après le retrait de Jean-Jacques Viseur, la rédaction d’un avant-projet est confiée à un groupe de travail présidé par le parlementaire européen Michel Hansenne. Remis à la fin du mois de janvier 2001, ce document consiste surtout en un diagnostic à l’usage des militants : les temps ont changé et le parti doit se transformer pour rester lui-même. Joëlle Milquet reprend peu après le texte considérant le rapport Hansenne comme une introduction à son propre texte. Soumise au bureau du PSC en mars 2001, le texte est jugé trop long et trop hétérogène. Il est demandé à André-Marie Poncelet d’en établir la synthèse.
Le projet est soumis au bureau du parti, le 23 avril 2001. Il est débattu une journée durant sans conflit apparent et adopté à l’unanimité, moyennant quelques corrections. Le trimestriel du PSC L’Oranger en publie la version intégrale, largement diffusée, quelques semaines plus tard.
Dans ce manifeste, le PSC entend se resituer en mettant l’accent sur quatre dimensions : la modernité, l’ouverture, le maintien d’une posture centriste, ainsi qu’un positionnement fondé sur d’autres clivages plus inédits que le seul clivage socio-économique, jugé dépassé, grâce à la prise en compte de nouveaux enjeux de société, en particulier la dimension non matérialiste de la vie. Ces dimensions convergeraient pour donner naissance à un concept politique nouveau : l’humanisme démocratique.
 
C’est en août 2001 qu’est lancée l’opération AIR (Alternatives-Idées-Réformes). Il s’agit de se mettre à l’écoute des citoyens et de la société civile par une politique de présence dans les milieux économiques, sociaux, éducatifs et culturels. Les attentes et les désidérata exprimés par les acteurs de terrains devraient constituer des matériaux à utiliser afin de construire un programme électoral neuf. Pour recueillir ces nombreux avis, le PSC organise des sondages et des enquêtes. Il met sur pied des forums de discussion, au plan national et à l’échelon local. Il soumet l’examen de problèmes concrets à des panels de citoyens. Les informations et idées collectées de la sorte sont adressées à des carrefours de travail thématiques, chargés de les traduire en propositions. Le bilan établi en février 2002 stipule l’organisation de 32 forums (5000 personnes y ont pris part, dont 3000 n’étaient pas membres du parti). Au final, en trois ans, plus de 300 forums auraient été tenus, rassemblant près de 30000 personnes. Le tout débouche sur six contrats à proposer aux citoyens en autant de domaines : la culture, la qualité de vie, la santé, l’économie, les questions sociales, l’éducation et la démocratie.
 
Le renouvellement du personnel politique social-chrétien va de pair avec l’opération d’ouverture : il constitue un des objectifs prioritaires de la présidente. En janvier 2002, celle-ci fait état de deux réalisations : le rajeunissement des mandataires locaux et provinciaux, dès l’automne 2000, avec plus d’un tiers de nouveaux candidats élus, et le renouvellement des présidents de section et d’arrondissement par élections internes, au premier semestre 2001. Joëlle Milquet annonce d’autres initiatives pour les mois suivants : choix de secrétaires nationaux appartenant tous à la jeune génération, staff très rajeuni, plan de sélection et de formation de nouveaux éligibles potentiels, remobilisation des Étudiants sociaux-chrétiens sur les campus, désignation d’une secrétaire nationale à la Jeunesse chargée de préparer les plans de relève.
 
Pour finaliser sa rénovation, le PSC se penche également sur la délicate question de l’évolution de sa dénomination. L’enjeu des discussions, parfois très vives, qui se déroulent pendant de longues semaines est plus profond : c’est l’identité même d’une formation enracinée dans l’histoire qui est en cause. Le sujet est porteur d’une forte charge symbolique.
Lors du bureau politique du 13 mai 2002, par 31 voix contre 2 et 2 abstentions, les trois concepts fédérateurs proposés par la présidence sont adoptés : il s’agit du centre, de la démocratie et de l’humanisme. Une seule incertitude demeure : l’ordre dans lequel ils seront déclinés. La décision finale revient au congrès statutaire, convoqué pour le 18 mai au Palais des Congrès de Bruxelles.
 
Lors du congrès, les premières interventions en faveur d’un changement de nom font l’objet d’interruptions et de coups de sifflets. Néanmoins, le discours du président de séance, Raymond Langendries, fait baisser la tension. Les statuts sont révisés. L’article premier confirme le cap de l’humanisme démocratique, sans faire mention des sigles cdH et PSC. Il est adopté par 508 voix contre 41 et 12 abstentions. Le Parti social-chrétien se mue en Centre démocrate humaniste, dont le logo est présenté à l’assemblée. Dans son allocution de clôture, Joëlle Milquet s’efforce de rassurer les inquiets. Une page de l’histoire du parti est tournée.
Histoire des archives :
Depuis sa fondation en 1988, le centre d’archives et de documentation du CPCP récolte à intervalle régulier les archives du Parti. Une grande partie des archives présentes dans ce fonds ont été versées consécutivement à la fin de la présidence de Joëlle Milquet ainsi que par l’entremise de collaborateurs de l’ancienne présidente du cdH. 
Bibliographie :
WYNANTS, P., Du PSC au cdH : 1999-2004, Courrier hebdomadaire du CRISP, n° 1895-1896, 2005.
Portée et contenu :
Ce fonds se compose de documents s’étalant sur une période allant de 1998 à 2002. Les documents conservés dans ce fonds concernent la période charnière qui a vu le parti social-chrétien (PSC) se muer en centre démocrate Humaniste (cdH). Ainsi, outre quelques documents concernant la mise sur pied du Nouveau PSC, le fonds se compose de documents relatifs à l’élaboration du manifeste de l’humanisme démocratique, à la réflexion des personnalités et des mandataires sociaux-chrétiens au sujet du renouveau du parti, aux travaux des groupes « Réorganisation du PSC » et « Renouveau », aux études, consultations et sondages réalisés dans le cadre du renouveau ou encore à l’opération A.I.R. Il convient de préciser que ce fonds ne reprend pas l'intégralité des archives relatives à la période de transition entre la fin de l'existence du PSC et la fondation du cdH. A ce sujet, de nombreuses archives sont également consultables au sein du fonds PSC.
Tri et éliminations :
Des éliminations classiques ont été effectuées. Ainsi, divers doubles clairement établis ont été éliminés (doubles de documents d’étude, de rapports statistiques…).
Accroissements :
Le fonds inventorié est un fonds ouvert. Un accroissement régulier est prévu dans le cas où de nouvelles archives concernant la thématique du renouveau du PSC seraient versées.
Mode de classement :
Lors du transfert, en différentes phases, du fonds au centre d’archives et de documentation du CPCP, celui-ci n'avait pas déjà été traité en amont par un archiviste et aucun inventaire sommaire n'avait été remis au moment de la réception des archives.
 
Dès le départ, il a été décidé de classer les archives comme fonds ouvert au vu de la possibilité que de nouvelles archives concernant la thématique du renouveau du PSC soient versées dans le futur. La structure de classification adoptée vise à donner aux chercheurs un aperçu le plus clair possible du processus de réflexion qui a encadré la délicate question du renouveau du PSC.
 
Au final, la structure de classification suivante a été adoptée :
 
A. Le Nouveau PSC
    A.I La mise sur pied du Nouveau PSC
B. Du Nouveau PSC au cdH
    B.I. Le manifeste de l’humanisme démocratique
    B.II. La réflexion sur le changement de dénomination et le nouveau programme du Parti
          B.II.a. La participation du CEPESS au travail de réflexion
          B.II.b. La réflexion des personnalités et des mandataires sociaux-chrétiens
          B.II.c. Les travaux des groupes « Réorganisation du PSC » et « Renouveau »
          B.II.d.Les études, les consultations et les sondages réalisés
    B.III. L’opération A.I.R.
 
Conditions d'accès :
Les archives sont publiques. La consultation est libre avec l’accord de l’archiviste.
Conditions de reproduction :
Pour la reproduction des documents d'archives, les règles et tarifs en vigueur au centre d’archives et de documentation du CPCP sont d'application.
Date :
1998-2002
Importance matérielle :
0,60 m.l. (5 boites)
Support :
Papier
Contient
(RENOUV_A) Le « Nouveau PSC »
(RENOUV_B) Du « Nouveau PSC au cdH »

Objet lié
Fonds du Parti Social Chrétien (PSC) BE_CPCP_PARTI_PSC